Minutes et secondes,
Heures, jours, années.
Minuscule au vue de monde,
Je vois mon existence défiler,
Un long ruban qui se déroule dans ma tête.

Vieillir !

Mes amis, mes lieux aimés, mes plaisirs passés foutus à jamais.

Le sable s’écoule dans le grand sablier,
Mon passé devient mon présent,
Mon présent devient futur de plus en plus aléatoire,
Car je n'ai aucun contrôle ni sur le temps ni sur ma santé et tout fout le camp,

Vieillir !

Et tout cela devient une torture,
Avant même que je ne l'ai remarqué,
Le compte à rebours a commencé,
La vie passe, mais où est passée ma vie ?
Mon enfance ? Ma santé ? Foutus irrémédiablement. Foutus !

Vieillir !

Je m’en veux de vieillir aussi mal,

Car je pense qu’on a encore besoin de moi ici,

Mais à quel prix, avec quelles souffrances ?

Est-ce que ce besoin de moi vaut toutes ces souffrances ?
Je n’ai pas peur de mourir, mais de mal partir.

Vieillir !

Vieillir sans sourire !

Je me lève le matin tanné de me juger,
De regarder mon apparence modifié,
Et avec tout l'irrespect que je me porte, je m’en contre fous !

Mais à un point que vous n’imaginez pas !

Vieillir !

Petit à petit mes pensées seront mortes.
Alors je me donne des conseils,
Répétant sans cesse dans ma tête
Que je dois toujours voir le soleil même quand la nuit tombe,

Alors que le diabète, l’hypertension, le cholestérol, l’arthrose…me rongent.
Vieillir !

Je reviens chercher mon passé,
Celui où, encore jeune, je me suis endormi
Un bon jour pour me réveiller vieux et malade,
Et m'empoisonner de ces pensées de merde,
Incessantes, incroyablement agressantes.

Vieillir !

J'ai voulu me noyer dans la plus proche marre Normande,
Mais j’ai préféré sécher mes larmes dans mon Ardèche
Ou personne ne peut voir le fond de mes yeux,
Et je me dis que la vie n'est qu'un piège mortel,

Et que la pire des choses est l’espoir car il est toujours déçu. Toujours !

Vieillir !
 

Peur de vieillir, non pas vraiment,

Mais peur de mal vieillir, certes oui et c’est la réalité !

Peur de ne pas guérir, certainement, c’est irrémédiable hélas.

Au fil des mois et des années

Les symptômes de mes maladies augmentent.

Vieillir !

Cela me fait peur.

Je ne sais pas si je pourrais vivre encore longtemps dans de telles conditions,

Il faudrait tout recommencer, mais je n’en ai plus la force !

Et c’est d’ailleurs impossible !

En vieillissant, je me rapproche de la mort.

Vieillir !

Mais quand partir, partir à temps, ni trop tôt, ni trop tard ?

Si j’avais la réponse, je me sentirai enfin libéré de ce mal qui me ronge.

J’ai parfois mal dans mon cœur, quand je pense à mes deux enfants.

Ils n’ont pas envie de voir leur papa partir.

Pourtant, des idées noires me viennent très souvent dans la tête.

Vieillir !

Si je m’endormais, pour toujours

Peut être que cela les soulagerait.

Ils ne me verraient plus, je leur manquerai sûrement quelques temps.

Mais je ne les perturberais plus, avec mon mal être.

Vieillir, c’est mourir « à petit feu » !!!

Vieillir !

J’attends le bon moment

Le destin, est tracé, mais pourrais-je le trouver, ce bon moment ?

Trop tôt, c’est con de rater des moments agréables.

Trop tard, c’est encore plus con car le TGV ne me roulera jamais dessus,

Car je n’aurai plus la force d’aller me jeter dessous : je finirai comme un légume de pot au feu.

Vieillir !

Solution de secours, la pétoire de mon papé,

Mais dans la forêt car ça fait trop de saletés dans la maison.

Vieillir !

Putain de vie de merde !