L’ELDO ET EUROPA
1971
5 novembre, le lanceur Europa 2 F11 décolle de Kourou. Le vol termine par une explosion de la fusée 150 secondes après. A 107 secondes, le lanceur ne se comporte plus comme prévu. En effet, la télémesure indique un arrêt total des signaux de pilotage (suite à une décharge électrostatique de la coiffe chargé par l'air ambiant frotté la centrale inertielle tombe en panne). Vers 150 secondes il y a un arrêt de propulsion et l'étage Blue Streak explose. 10 secondes plus tard c'est au tour de Coralie d'exploser. Au bout de 04'44" les restes d'Europa-2 s'abîment dans l'atlantique à 485 Km de son point de départ.
Explosion d'Europa F11
1972 1er janvier, Robert Aubinière quitte ses fonctions à la tête du CNES (Michel Bignier le remplace) et rejoint la direction de l'ELDO, en remplacement de Renzo Carobio Di Carobio. Une réorganisation se met en place afin de donner un nouveau visage à l'Europe spatiale qui il est vrai se considérait plutôt comme une association de pays sans connaissance du spatial. Après l'échec du tir F11 en 1971, les hauts gradés sont intimés de partir de même que certaines équipes. Le lanceur Europa est modifié en vue du tir F12 prévu dans l'été 1973.
Deux
ingénieurs chef de la division lanceur du CNES Albert Vienne et Roland Deschamps déposent le dossier technique d'un
lanceur de substitution à Europa, le L3S capable de placer 1500 kg en GTO
et 900 kg en orbite GO. La partie inférieure est celle d'Europa 3, mais
en place d'un gros second étage cryogénique, deux étages classiques à
performances identiques mais à risque technologique moindre. Ce second
étage est équipé des même moteurs Viking que le premier lui même inspiré
d'Europa 3. Seul le troisième étage cryogénique de petite dimensions
pouvait bénéficier de l'acquis de la SEP avec le matériel
existant. La France engagée dans le développement d'un lanceur de satellites depuis 1970 se doit de vendre son projet L3S à l'Europe. Le président Français Georges Pompidou fixe alors la politique spatiale de la France en lançant un programme ambitieux de lanceur auquel les partenaires européens devront s'associer à commencer par l'Allemagne. Les militaires désirait avoir comme leur homologue des satellites d'observation mais l'idée de participait aux coût ne leur plaisait guère. Pompidou, Debré et Ortolli y croit tandis que VG D'Estaing ministre du budget y est carrément opposé. Lors d'une réunion interministérielle en juin, le gouvernement Français décide que la France doit resté maître d'oeuvre du projet, mais que les partenaires européen doivent partager son coût à hauteur de 40%. Jean Charbonel qui succède à Ortolli à la recherche, est chargé de "séduire" les partenaires européen. L'Angleterre est contre comme à son habitude et les autres pays ne sont pas pressé pour acquérir l'indépendance européenne. En échange de l'adhésion des états partenaires, la France s'engage à financer 60% du coût plus 20% des dépassement éventuels et risques associés.
12 mai, la commission
d'enquête sur l'échec du vol F11 rend ses premières conclusions :
Juin, la proposition de la
NASA change, plus de remorqueur "tug" mais elle associe l'Europe au
développement d'un laboratoire spatial qui sera embarqué dans la soute de
la navette, le Spacelab. Le programme est alléchant mais ne garantit pas
une indépendance de l'Europe dans le nouveau marchée des
télécommunications qui s'ouvre à l'horizon.
11-12 juillet, réunion de la
CSE à Bruxelles. L'ELDO débloque certains crédits d'engagement pour
couvrir les besoins budgétaire jusqu'au 1er octobre (1 millions $). Le
démarrage du programme Europa 3 est prévu pour le 1er octobre pour une
mise en opérationnel dans 7 ans après 5 tirs d'essai. Il se compose de
deux étages à ergols stockables et cryogéniques capable de placer 1560 kg
en GTO, 5650 kg à 200 km. Par rapport aux premiers projets de 1970, le
diamètre du lanceur est passé de 3,6 à 3,8 m permettant de réduire la
hauteur du réservoir LOX du second étage au profit d'une coiffe plus
longue (11 m). Hors tout il mesurera 42,76 m et pèsera 191 tonnes. L'étage de base L150 mesurera 19,5 m pour une masse de 166 tonnes et
241 tonnes de poussée (4 moteur Viking 2) et l'étage supérieur H20 lui
sera équipé d'un moteur de 20 tonnes de poussée.
Octobre, la commission
d'enquête sur l'échec du vol F11 rend ses conclusions
définitives :
Octobre, les USA renouvellent leur proposition de lancer tout satellite étranger pacifique à condition qu'il ne contrevienne pas aux accords internationaux en vigueur. Le problème est qu'ils dominent l'organisation mondiale des télécommunication Intelsat dont les intérêts sont en opposition avec un système de télécommunication indépendant. L'Europe doit aussi pouvoir compter sur une totale indépendance en matière de lancement spatiaux. Le marché de l'orbite GO étant alors estimé à 40 satellite entre 1980 et 1990.
Novembre, la France présente
un lanceur de substitution à Europa 3. Ce L3S, dans les cartons du CNES
depuis quelques mois à la direction des Lanceurs (d'après les travaux de
messieurs Vienne et Deschamps) fait appel à des éléments déjà développé
pour Europa 3, en particulier le moteur Viking 2 de 60 tonnes de poussée
du LRBA. Le L3S se compose d'un étage L150 équipé de 4 Viking 2
développant 240 tonnes de poussée (Europa 3), d'un second étage L30
équipé d'un Viking et d'un troisième étage H6 équipé d'un moteur H6 de
6 tonnes de poussée. Ce L3S d'une capacité orbitale semblable à Europa 3
sera moins cher 2200 millions de F sur 7 ans contre 3100
millions.
20 décembre 1972, 5 eme conférence spatiale
Européenne réunissant tous les ministres responsable de l'activité
spatiale dans leur pays. Les 12 se mettent d'accord sur une résolution
en 4 points :
Janvier, le projet est affiné par le CNES et les industriels Français, la SNIAS, la SEP (crée en 1969 associant SEPR et Snecma entre autre), Matra et Air Liquide. L'étage L30 devient un L35 avec un diamètre réduit à 2,6 m tandis que le H6 voit le sien augmenté à 2,6 m et sa hauteur réduite à 4,5 m. Son moteur sera le HM7 mono tuyère en place du HM6 quadri-tuyère.
Février, le CNES officialise la configuration L150+L35+H6 du L3S.
2 février, l'ELDO reporte à au 1er avril sa décision sur la continuation du programme Europa 2 que l'Allemagne voudrait interrompre. Les étages du F12 partiront courant mars pour Kourou. L'arrêt d'Europa 2 signifie le licenciement de 300 personnes à l'ELDO et de nouveaux frais pour adapter les satellites Symphonie aux lanceurs US. Mars, l'ELDO repousse le tir F12 du 14 juillet au 1er octobre suite à des retards de livraison d'équipement associé au troisième étage. Il reste à réaliser 4 tirs du troisième étage défaillant lors du tir F11 de mars à mai.
1 avril, départ de
Grande-Bretagne du Blue Streak qui doit servir au tir F12 du lanceur
Europa-2 prévue pour le 1 octobre.
Pour les satellites Symphonie, il va falloir les lancer avec des Thor Delta américaines (8 millions $ pièce) et les modifier (8 millions de F). Rien n'est réutilisable du "hardware" Europa-2. En revanche, le développement de l'étage Coralie, conjugué au développement des versions successives du lanceur national Diamant, a créé dans l'industrie française un niveau de compétence élevé en matière de propulsion à liquide. |