26 Novembre 1965 : 1er tir du Lanceur Diamant A

 

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Février 1965, le CNES lance une offensive pour passer de la propulsion liquide à la propulsion à poudre pour Diamant A, car les trois premiers essais du premier étage Émeraude du futur Diamant ont été des demi échecs. Bien que les ingénieurs soient de solides partisans de la poudre pour les engins balistiques, il reste à persuader les ministres de poursuivre Diamant avec un premier étage à liquide pour des raisons de délai essentiellement, la poudre ne permettant pas un premier tir fin 1965.

27 février, quatrième tir d'Émeraude à Hammaguir, c'est un succès, les problèmes sont apparemment résolus.   

13 mai, 5eme et dernier tir d'Émeraude d'Hammaguir, la fusée culminant à 180 km d'altitude après 4 mn de vol.    

       

5 juillet, 6 h 23 du matin, premier tir du Saphir P (pilotage) depuis Hammaguir. Le VE 231 Saphir (17,77 m et 18058 kg) reprend le premier étage Émeraude avec un second à poudre (80 cm de diamètre, 4,11 m de haut contenant 2300 kg de poudre) de 15 tonnes de poussée Topaze équipé de 4 tuyères orientable permettant le pilotage. L'étage se sépare d'Émeraude puis s'allume à la 95ème seconde propulsant l' ensemble de 1660 m/s à 3710 m/s et de 43 à 128 km d' altitude.
Les tirs de " Saphir " ont pour but de confirmer la propulsion et le pilotage du premier étage, les performances de l' ensemble de la fusée, expérimenter la séparation des étages 1/2, l'allumage du second étage et son pilotage en altitude, la séparation avec l'ogive et enfin la vérification des moyens de lancement sol qui seront utilisé pour les vols Diamants.

Trois versions de Saphir seront développées, la P pilotée, la G guidée et la R pour l'étude de rentrée d' ogives. Ce tir réussit permet aux officiels Français d'annoncer le premier tir Diamant pour novembre avec le satellite A1. Suivront ensuite les tirs de janvier 1966 avec D1A, février avec D1B et en fin 1967 avec un Diamant amélioré du satellite D1D. 

10 juillet, second lancement de Saphir P depuis Hammaguir. Le vol est un semi échec.

9 octobre, 17h 23 TU troisième tir de Saphir P, l'engin culmine à 1150 km d'altitude.

Novembre, au CAPE Centre d Achèvement des Propulseurs et des Engins, à St Médard en Jalle près de Bordeaux dans le bâtiment B21, les étages du Diamant A n°1 sont assemblés, connectés électriquement et vérifiés.

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20 novembre, Hammaguir, Colomb-Béchar (Algérie) pas de tir Brigitte (30.9°N, 3.07°W), les techniciens mettant en place les étages du lanceur Diamant A remarquent que l'une des quatre tuyères du deuxième étage "Topaze" de la fusée a été très légèrement éraflée lors du transport depuis Saint Médard en Jalle, près de Bordeaux, où la fusée a été assemblée une première fois pour que soit vérifiée la compatibilité mécanique et électrique entre les étages, et entre le dernier étage et le satellite. Pour cette simple éraflure, qui aux dires des responsables eux même, ne doit pas influencer l'issue du vol, l'étage tout entier est changé.

23 novembre, un élément de pilotage du second étage est en panne et on décide de le changer, mais il s'agit d'un élément de type amélioré n'ayant pas subi les essais de qualification jugés nécessaires (vibrations, chocs). Dans la nuit du 23 au 24, la Sopemea alertée, effectue à Paris les essais d'ambiance sévère et qualifie le matériel, rassurant tout le monde.

25 novembre, une diode Zener située dans un circuit de contrôle de l'électronique de basculement - non opérationnel a lâché. Le remplacement de cette diode nécessitant un démontage important du lanceur et par conséquent un re-contrôle complet de tout le lanceur, ce qui engendrerait un délai important et surtout un risque non négligeable de voir surgir de nouvelles pannes engendrées par de trop fréquentes manipulations. On décide alors de ne pas tenir compte de la panne de cette diode, mais les conséquences éventuelles de cette impasse étaient différentes suivant que la diode était restée en circuit ouvert ou en circuit fermé après avoir lâché. On demanda alors à la Matra d'effectuer pendant la nuit à Paris un grand nombre d'essais sur des diodes de même type, afin d'évaluer la probabilité de la situation de la diode. La préparation du tir continuait en attendant les résultats. 

26 novembre les résultats définitifs des essais effectués, à Paris n'étant pas complets, le doute fait arrêter le lancement quelques minutes avant l'heure prévue (7 h 30 mn) pour appuyer sur le bouton fatidique. En fin de matinée, le résultat complet des essais effectués à Paris parait rassurant, la séquence de tir reprend pour un H0 à 15 h 47 mn.

Le tir intervenant en pleine campagne présidentielle au suffrage universel (la première) sur le continent, le ministre des armées Pierre Messmer décida dans un premier temps de repousser le lancement après les élections. Devant l'indifférence du Général de Gaule, il se retourna vers les techniciens qui estimèrent la chance du Diamant à 9 sur 10. Le ministre autorisa donc le lancement.
La presse était évidement de la partie et la veille du tir le 25 novembre débarquèrent de France l'équipe de l'émission "5 colonnes à la une" de Pierre Sabbag. Apprennent la nouvelle, le Général de Gaule fit rapatrier tout ce beau monde en prétextant le "secret défense" de l'opération. Aucun des 50 journalistes présents la veille du tir ne pu voir en direct ce premier lancement.

Le décollage de la première Diamant a lieu à 15 h 47 mn soit 21 h 15 mn heure de Paris, avec le premier satellite français A-1 (A pour armée). 620 secondes plus tard, la France devient la troisième puissance spatiale.

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A Hammaguir c'est un enthousiasme difficilement imaginable, mais il y a pourtant un point noir au tableau, le satellite semble silencieux. Ni les radars de l'escorteur "Guépratte", en Méditerranée, pas plus que les stations Iris de Beyrouth et Brétigny n'ont pu entrer en contact avec lui. Heureusement, le radar à grande porté "Aquitaine" suit le satellite jusqu'à plus de 3000 kilomètres de distance. Ses informations permettent de déterminer les caractéristiques de l'orbite avec une bonne précision et donc de pointer toutes les antennes vers l'ouest, en prévision du moment où, après son premier tour de la Terre il réapparaîtra dans le ciel... Et effectivement, il réapparaît.
Ses émissions sont faibles, mais elles sont captées et, la grande nouvelle peut être officiellement annoncé au monde à 18h.


Le premier satellite français est une modeste capsule appelée prosaïquement A-1 par les ingénieurs responsables de sa conception.
Lors de sa présentation aux journalistes, ceux si découvrirent qu'un ressort en assurait l'éjection et que l'objet avait un air de famille avec une marionnette de dessin animé popularisée par la télévision et dénommée Zébulon. La presse eut tôt fait de baptiser le satellite Zébulon au grand dam de certaines autorités qui redoutèrent que ce terme trop proche du mot arabe maghrébin Zebbi et de ses différentes déformations populaires, ne provoque un incident diplomatique. On chercha d'urgence un nom de substitution qui soit bien accueilli par les journalistes et le public : c'est le Gaulois Astérix, héros d'une bande dessinée très prisée, qui sauva la situation et donna son nom à A-1. L'incident a été évité mais cette péripétie eu deux conséquences :
la première, c'est que l'on vit longtemps sur les bureaux des ingénieurs du CNES des figurines de Zébulon envoyées par le créateur de la marionnette, heureux d'une telle publicité, et la seconde, du reste toujours en vigueur, fut que tout projet devrait être baptisé dès les premières études de mission. On ne laisserait pas ce plaisir aux journalistes."

Champagne pour les responsables de ce premier tir au ministère des Armés:
De gauche à droite, M Roquefeuil, Dorleac, Rosoor, et l' ingénieur Général Souflet, directeur Technique Engins (photo France Soir).

Le premier tir Diamant marque l'achèvement du programme de pierre précieuses initié dans les années 50 par la France. A ce jour on compte 14 tirs d' Agate, 14 tirs de Topaze, 8 tirs de Rubis (depuis juin 1964 avec 6 succès), 5 Émeraude (depuis juin 1964 avec 4 succès) et 3 Saphir (depuis juillet 1965 avec 2 succès). 

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