CONTEXTE SPATIAL EUROPÉEN
Au lendemain de la seconde guerre mondiale et pendant les années 50, la connaissance de l'environnement terrestre attire l'attention de nombreux organismes désireux d'en connaître plus. Les observations faites depuis le sol sont rapidement complétées par des expériences embarquées dans des ballons sondes puis des fusées sondes. A l'instar de l'Amérique qui lance ses premières fusées sondes (Wac-Corporal) dès 1945, l'Europe parmi laquelle la France et le Royaume uni développe des études de fusées sondes (Véronique et Skylark). D'autres pays comme la RFA et l'Italie participent eux à des campagnes avec les USA. A la veille de la seconde guerre mondiale, l'Allemagne met au point les premières grosses fusées militaires dont plusieurs versions sont testées, la A1 (Aggregate), la A2, A3 et A4. Le premier lancement de A4 est réussit le 3 octobre 1942 depuis les bords de la Baltique à Peememunde. capable d'emporter 1000 kg sur 30 km de distance, c'est l'arme absolue. Entre 1944 et 1945, plus de 5000 A4 devenus V2 (Vergeltungswaffe, arme de représailles 2) seront construites. Ces fusées sont lancées par centaines sur l'Europe, 79 en France, 1 100 sur Londres (GB) et 1 500 sur Anvers (Belgique). En août 1943, la RAF Royal Air Force bombardent des installations de Peenemüde, cinq cents quatre-vingt-dix-huit bombardiers anglais larguent 2 000 tonnes de bombes sur la base. Deux semaines après, la production en série des fusées est transférée à Niedersachswerfen, près de Nordhausen, dans une gigantesque usine souterraine creusée sous le mont Konhsteim dans le massif du Hartz. Les tirs d'essai reprennent à Peenemünde, sept semaines seulement après le raid anglais et la production démarre en décembre. Juin 1944, un missile V2 testé par les Allemands sort de sa trajectoire prévue et tombe en Suède. Le royaume récupère les débris et les donne aux Britanniques pour analyse. A la vue de ces éléments, il s'avère que l'Allemagne développe de nouvelles armes Septembre 1944, deux V2 sont tirés sur Paris mais un seul atteindra sa cible. L'impact aura lieu quatre minutes et demie après son départ, à 11 heures, à Charentonneau, quartier de Maisons-Alfort, dans la banlieue sud-est de Paris après un vol de trois cents vingt kilomètres. On dénombrera une vingtaine de morts et de blessés ainsi que d'importants dégâts matériels. Le même jour, les premiers V2 sont tirés sur Londres. L'avancé des Allemands est évidente. C'est ce que les Américains découvriront le 11 avril 1945 dans les usines de Peenemude. Une centaine de fusée V2 sont chargées dans 300 wagons puis assemblé à l'intérieur de 16 Liberty ships prêts à quitter le port d'Anvers pour la Nouvelle Orléans. Malgré un blockus de l'armée anglaise, les bateaux gagneront rapidement les cotes US. 28 mars 1945, les Allemands tirent leur dernier missile V2 qui tombera sur Opington, au sud-est de Londres. Le missile fut lancé de La Haye. Le V2 était pour les hommes de l'époque un engin terriblement efficace et une fusée très moderne. Plus de 1 500 V2 touchèrent Londres et ses environs causant la mort de 2 500 civils. Volant à 5 500 km/h, il était équipé d'un moteur à turbo pompes de 25 tonnes de poussée, ce qui pour une fusée de 12 tonnes permettait de gagner 80 km d'altitude. Mai 1945, l'Allemagne capitule. Les Alliés prennent connaissance de l'ampleur des travaux allemands concernant les fusées. En effet, une vingtaine de rapports concernant les V1 et V2 ont déjà étés rédigés. Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une mission en Allemagne. Ils sont chargée d'aller examiner la station expérimentale de contrôle et de réception des V2 de Ober-Raderach située près du Lac de Constance et de Friedrischshafen, en zone d'occupation française. Juin 1945, après avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités américaines, les membres de la mission dirigée par le professeur Henri Moureu visitent les installations de Nordhausen. L'objectif essentiel du Professeur Moureu est de ramener en France des matériels, ce qu'il obtint de la part du commandement américain. Ainsi, neuf wagons de pièces diverses prendront le chemin de la France parmi lesquelles quatre V1 et un quadruple jeu de pièces de V2 (tuyères, groupes générateurs de gaz pour turbines, servo-moteurs). Au cours de cette mission, les représentants français ont assistés à des essais de moteurs et procédés à l'interrogatoire de prisonniers allemands. Les experts en armements français commencent à découvrirent ce que sont les missiles balistiques. Comme les États-Unis et l'Union Soviétique, la France va s'engager dans l'étude de ce nouveaux système d'arme. Le 16 avril 1946, le premier V2 capturé par les américains décolle de White Sands au Nouveau Mexique. Ils procéderont à 64 tirs de A4 entre 1946 et fin 1952. Deux versions modifiées verront le jour, le Hermes B (4 tirs entre mai 1947 et novembre 1950, 24 échecs) et le Bumper (8 tirs entre mai 1948 et juillet 1950, 5 échecs). A noter que 30 fusées ramenées d'Allemagne ne seront jamais assemblées. Les Soviétiques ont pu récupérer
des morceaux de V2 eux aussi en Pologne, sur la base de Blizna, mais
le butin est très inférieur à celui des Américains. D'autant que
les Américains dans le camp d'internement de Garmish-Partenkirchen
commencent leur sélection parmi les centaines d'ingénieurs
allemands capturés. A leur tête, Verner Von Braun, avec ses 122
collègues qui quitteront l'Allemagne le 12 septembre 1945 pour l'Amérique. Du coté russes, ce sont quelques 6 000 ingénieurs qui
seront contraint de les suivre à Moscou, mais les cerveau ont rallié
la bannière étoilée. Ainsi l'Amérique s'est taillée la part du
lion. Les Britanniques eux s'attachèrent les services d'une vingtaine d' ingénieurs, dont 12 de Peenemude, mais à cette époque l'espace ne les intéressent pas. Les français eux récupèrent 250 ingénieurs, dont la moitié participeront plus tard aux programme de fusées sonde Véronique. Parmi eux, Heinz Bringer, qui inventera le moteur Viking des Ariane, Helmut Haberman, spécialiste des paliers magnétiques ou encore Otto Muller, spécialiste du guidage. Pour l'Allemagne, le rêve spatial devient un véritable tabou. Jusqu'en 1955 les écoles d'ingénieurs seront fermées. Ce n'est qu'avec le ministre de la recherche atomique Helmuth Dederra que le pays retrouvera son savoir faire. L'Allemagne n'ayant plus d'ingénieurs, de mémoires ancestrales, c'est sur le tas qu'il faut maintenant apprendre. Le 1er mars 1962, le CNES Centre Natioanal d'Etudes Spatiale nouvellement crée entreprend de poursuivre les programmes de lancements de fusées sondes prévus par le Comité de recherches spatiales en intensifiant l'étude de la haute atmosphère et les recherches apparentées, télécommunication, biologie... Fin 1962, le CNES dispose de deux familles d'engins : - La première famille à propulsion à poudre avec les Constellations Belier, Centaure, Dragon, puis Dauphin et Eridan. La facilité de stockage, la rapide mise en oeuvre en font un grand avantage. Par contre la "brutale" propulsion et les fortes accélérations au décollage en font un engin dangereux. - La seconde famille à propulsion liquide avec les Véronique du LRBA suivit de Vesta. Par rapport aux fusées à poudre, la propulsion liquide procure un réel avantage : la poussée est contrôlable et la performance augmentée. |