MONICA

 

En vue de l'année Géophysique Internationale, le CASDN (Comité d'Action Scientifique de la Défense Nationale) avait commandé en 1952 à la DEFA (Direction des Etudes et Fabrications d'Armement) l'adaptation de 15 fusées Véronique du LRBA. Malheureusement, au début 1954, la situation politique et financière de la France imposa de sévères restrictions du budget, et la DEFA dut arrêter temporairement ses travaux sur le programme Véronique.
Pour satisfaire les demandes des scientifiques, le CASDN proposa de confier l'adaptation d'une fusée à propergol solide, plus petite et moins chère, à la société ATEF (Association Technique pour l'Etude des Fusées).

A la fin des années 1940, la SEPR avait étudié une petite fusée météorologique désignée SEPR 35. Ce devait être une fusée à 3 étages à poudre qui utilisaient les propergols disponibles à cette époque. Le booster (propergol SD) devait fournir 450 daN pendant 3 secondes et les étages supérieurs (propergol APK) 50 daN pendant 15 et 5.5 secondes respectivement.
Quand le premier propergol composite français (Plastolite) est devenu disponible en 1952, le Service des poudres et la SEPR ont considéré son utilisation pour propulser cette fusée météorologique. La nouvelle version, construite par la société ATEF (dirigée par Robert Pilorget, un ancien ingénieur de la SEPR) devait comporter trois blocs utilisant des propergols modernes : Mélanie, Théodore et Oreste, dont les noms formaient l'acronyme METEO.

En 1954, l'ATEF reçut une première commande du STAé (Service Technique de l'Aéronautique) pour 50 fusées ATEF-14. Cet engin conservait la silhouette ainsi que les empennages de l'ancienne fusée météorologique SEPR 35. C'est lors de la troisème campagne de tirs, réalisée en juin 1955, que la fusée fut baptisée Monica.
Les missions envisagées par le CASDN nécessitaient cependant l'emploi de fusés plus puissantes que les versions d'origine. Quinze exemplaires de Monica appartenant à ces nouvelles versions (Monica IV et V) dotées d'étages supérieurs plus larges furent commandés en 1956.

Toutes les Monica ont été développée à partir d'un petit nombre de blocs de propergols. Les propulseurs utilisés présentaient un diamètre de 160 mm (Mélanie, Prosper) ou 130 mm (Théodore, Oreste).

Par exemple :
- Monica I: Mélanie-Théodore-Oreste,
- Monica II: Mélanie-Théodore-Theodore,
- Monica III: 2Mélanie-Prosper-Theodore,
- Monica IV: Mélanie-Prosper-Prosper (ou 2Mélanie-Mélanie-Prosper),
- Monica V: 2Mélanie-Prosper-Prosper.

Le programme de fusées Monica a rencontré de nombreuses difficultés pendant son développement. Ces fusées présentaient un rapport longueur/diamètre qui les rendait instables. De plus, malgré l'introduction de versions améliorées, les performances affichées (charge de 15 kg) ont rapidement été considérées comme insuffisantes.
Quand les Véronique ont repris leurs vols (1959) et qu'une nouvelle famille de fusées à propulsion solide a été développée pour le CNET par Sud-Aviation (1961), le programme Monica a été définitivement abandonné. Le bloc Mélanie du premier étage des Monica a néanmoins poursuivi sa carrière quelques années pour propulser des fusées fumigènes (ATEF-64), des cibles (ATEF-72), des fusées amateur (ATEF-74) et des étages supérieurs d'engins de l'ONERA (Daniel, Antarès, Bérénice).

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Caractéristiques des propulseurs utilisés
Type Longueur
(mm)
Diamètre
(mm)
Masse propergol
(kg)
Impulsion totale
(daNs)
Durée combustion
(s)
Mélanie 1065 160 15 3100 5
2Melanie* 2170 160 30 6200 5
Prosper 1180 160 23.5 4700 10
Théodore 815 130 9.4 1800 10
Oreste 490 130 3.6 680 8

 

* La désignation exacte du bloc Mélanie "long" (masse de propergol double) n'est pas connu


Caractéristiques des fusées Monica
Type I II III IV V
Longueur (mm) 3050 3375 4845 5115 6270
Masse totale (kg) 62 71 118 123 154
Masse charge (kg) 15 15 15 15 15
Altitude max (km) 53 103 145 94 160

 

* La longueur totale des fusées dépend de la longueur de la pointe et de la présence ou non d'un caisson parachute.


Représentation schématique des fusées Monica

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