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Souvenirs de Ribette

 

 

Oh que de souvenirs en avançant en âge

Viennent me secouer, sur ce petit village.

De l’enfance surgit l’impressionnant passé

Pour tout autre que moi de longtemps dépassé.

 

A vous qui m’entouraient de vos vies exemplaires

Quand rebelle à l’idée d’un passage éphémère

Pour qu’en même temps je me sens écraser,

Pour dire de chacun ce qu’il nous a laissé.

 

Vous, le courage même uni à tant de peines

Et pourtant de gaieté votre vie était pleine.

Loin, l’angoisse connue du siècle finissant

Ne venait perturber le contenu des ans.

 

Fort bien je vous revois dans vos maisons encore

Animées par vous tous, que la présence honore.

En ce début de siècle – O fort lointain déjà

Et dont pour la plupart, vous n’êtes plus. Hélas !

 

Mes retours au pays me font sentir le vide

De nostalgie rempli, en souvenirs avides

Me faisant tout l’effet que reçoit l’exilé

Qui ne retrouve plus ceux qu’il a tant aimés.

 

Si je tiens à parler au sujet des familles

Dire un mot sur chacun je me sens inhabile,

En citer quelques uns je ne peux l’éviter

Quoique je sais que tous l’auraient bien mérité.

 

L’un des derniers témoins et dernier camarade

En pensant à Charay au bas de la calade

Du hameau, la porte – En montant était Touré,

De Duronque, tous pleins de droiture et de fierté.

 

Que de monde, chez les Dusserre de Rameille.

Ceux du travail bien fait. Mais la vie fort cruelle

Pour André et Raoul, des grands amis à moi

Qui partis bien trop tôt. Allez savoir pourquoi ?

 

Plus haut sous les rochers, la maison à Compère

Là où s’est marié, le frère de mon père.

La lignée continue par mon cousin Henri

De peu, faisant partie de ceux que l’on n’oublie.

 

Petit Ribes, Ribette a bien droit à sa Place

Bien petite ma foi, mais quand manque l’espace

De peu, l’on est content – Ca s’appelle le « Plo »

Et Bastidou est là – Un souvenir bien gros.

 

De ce fils magnifique, en tombant aux Eparges

Oui, il fut de ceux-là que la guerre n’épargne

Nous nous souvenons de la petite Gabrielle

Cet ange du village, une âme combien belle.

Là-bas près de la fontaine était le menuisier,

Les vendanges venant se faisait tonnelier.

Voir cercler des tonneaux et pour nous quelle chance

Je m’en souviens d’autant que c’étaient les vacances.

 

Les chèvres à garder mais jamais sans l’Ernest

Cet ami de toujours et jamais pris en rest……

Et de cette maison je n’oublierai Clotilde

Portant à tous les miens une amitié solide.

 

De sa maison natale j’en parlerai que peu,

Si ce n’est mes parents en qui j’avais pour eux

Qu’admiration, de les voir travailler sans cesse

Quant à moi facilement j’incline à la paresse.

 

Puis chacun est parti, comme feront mes sœurs

A chaque fois aussi, quelle blessure au cœur.

La vie est ainsi faite et pour chaque famille

Et de trop en parler nous paraît inutile.

 

En suivant le chemin qui mène au Cerisier

Tout le long du chemin était Combaluzier

Enfant, j’allais voir la grand-mère Rosette

Je me sentais chez moi et le cœur tout en fête.

 

Un mot du Cerisier, ce bel observatoire.

Pour voir et contempler – Son vrai titre de gloire

C’était le lieu choisi pour le feu de Saint Jean.

Chacun en son fagot, fort gai et plaisantant.

 

C’était aussi le lieu où les gens se rencontrent

Voir au sujet du temps si les Alpes se montrent.

Au bas de l’escalier, de Durieu la maison.

Puis sous un beau tilleul la famille Guigon.

 

Chez laquelle se trouvait un mignon petit âne.

L’attelage assorti, quoique souvent en panne

En descendant toujours la maison des fermiers.

Que de noms sont passés, avant les tout derniers.

 

Puis la grande maison, dans sa blancheur, si belle

Où fort digne trônait l’austère Demoiselle

Nous parlant des Chalbos s’en allant au Japon

Pour commerce de soie, en voyage bien long.

 

Ainsi j’ai fait le tour de ce charmant village

Mais d’en parler j’ai fait qu’un piètre gribouillage

J’aurai voulu chasser, de l’oubli par le temps

Tant de vies oubliées, par le moyen d’un chant.

 

Et pour cela je vois, qu’il faudrait un vrai Barde

Ce qui n’est pas le cas en ma plume bavarde

Qu’importe ! Je crierai et bien fort et toujours

Vive Ribette, oh oui, Ribette mes amours.

 

Louis Bresson - fin juillet 1979.

 

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